Les forums de l'ACPB

Salut à tous,
Je reviens d’une semaine et demie à la montagne et plus précisément à la Rosière, station à visage humain de la vallée de la Tarentaise située à 10 km du col du petit St Bernard.
La Rosière est également située sur le parcours d’une jeune cyclosportive qui s’appelle « Le tour du Mont-Blanc » qui se dispute courant juillet sur une distance de 330 km à boucler d’une traite ou en relais à mi-distance, qui après un départ à 5h du mat des Saisies rejoint le territoire helvète, ensuite l’Italie et revenir en France pour boucler ce périple autour du géant des Alpes.
L’idée a germé il y a déjà plus d’un an, puisque mon ami Michel (que certains connaissent que ce soit en vtt ou occasionnellement sur route) me fait l’honneur de m’accueillir dans son chalet et qu’il se défend plutôt bien en vélo, pourquoi pas nous lancer dans ce défi.
Le plus dur dans ce défi fut sans doute de le convaincre à me suivre, j’ai eu des doutes jusqu'à 3/4 jours avant de partir, parfois la tendance n’était pas très positive mais une fois le jour du départ fixé il a commencé à rentrer dans le truc.
Donc voilà la date fixée le jeudi 22 août, ayant une fenêtre météo favorable nous allons nous lancer en deux étapes équitablement réparties en termes de difficulté, la distance intégrale n’étant pas dans nos cordes.
A 7h30 le jeudi nous voilà parti pour la première journée où nous devons rejoindre Martigny en Suisse, un périple d’environ 190 km
Une entame pas très difficile qui consiste à rejoindre Bourg St Maurice, 20 km de descente, seul difficulté le froid qui saisit nos membres, 7° ça a au moins le mérite de nous réveiller définitivement.
Le premier col se dresse devant nous le Cormet de Roselend à 1968 m, 20 km de grimpette ou nous nous mettons l’un comme l’autre en mode endurance, pas question de se laisser aller à profiter de la fraîcheur musculaire pour se griller, nous basculons au sommet dans un splendide paysage mêlant pâturage, barre rocheuse, barrage du Meraillet, plein les yeux quoi.
Au bas de cette descente nous traversons le village de Beaufort, qui a donné son nom à un fromage délicieux à consommer sans modération, enfin pour moi.
4 km de transition plate et nous voilà déjà dans le col des Saisies 1657m, 15 km d’effort sur une pente à 7/8 % régulière avec comme décor, la vue sur le Mont-Blanc dans un ciel azur sans nuage, magique.
La deuxième difficulté dans la poche nous marquons une pause pour nous restaurer en allégeant nos poches bien remplies de pattes de fruit, gels et autres reconstituants.
Cap sur Megève par une route faite de faut plat puis descente rapide sur St Gervais, nouvelle pause ou nous avalons un sandwich et un coca avant d’affronter un long après midi.
Nous suivons le marquage au sol encore présent du TMB de juillet, à la sortie de St Gervais nous attaquons une bosse d’environ 5/6 km pas très difficile vers Servoz, une courte descente nous envoie sur une autre bosse bien plus délicate, elle aussi 5km mais avec une pente flirtant avec les 10% sur un bitume en mauvais état.
Cette difficulté derrière nous, nous prenons la direction de Chamonix avec la vue sur l’aiguille du midi et le glacier des Bossons qui malheureusement continue à reculer.
Nous traversons Chamonix en effervescence pour un événement à venir, l’ultra trail du Mont-Blanc, course pédestre de 168 km ceinturant le géant avec des dénivelés de dingue, à côté nous sommes des tout petits joueurs.
Encore 50 bornes pour rejoindre notre hôtel à Martigny en passant par le col des Montets 1461m, 12 km sans difficulté particulière a part la fatigue de l’un et l’autre qui commence à peser.
N’ayant rien à déclarer le passage à la frontière helvète se fait comme une lettre à la poste, il ne nous reste que le col de la Forclaz 1526m, 8km moins abrupt que le versant opposé.
Alors que la lassitude commence à m’envahir à 1km du sommet mon pote me place une attaque assassine que je ne peux suivre, en même temps n’ayant pas de dossard … enfin j’essaye de me trouver de bonnes raisons de ne pas le suivre en masquant la vraie, je suis carbo.
Au sommet nous discutons avec une italienne qui elle effectue le tour mais en sens inverse accompagnée de deux amis masculins finalement nous lui tournons le dos pour nous jeter dans une superbe descente avec des courbes où Paupiette se régalerait surtout au milieu d’un paysage fait de vigne cultivée en terrasse.
Au pied de ce col enfin Martigny que nous traversons pour rejoindre notre hôtel à Fully, petit village le long du Rhône à 10 km
Voilà cette première journée finie sans difficulté particulière hormis la fatigue de l’un comme de l’autre, je ne suis guère étonné par mon pote Michel pour qui c’était la première fois qu’il se lançait dans ce genre de défi, au préalable il n’avait dépassé que les 130 km en montagne et c’était le dimanche précèdent, il a de l’orgueil, c’est essentiel dans notre discipline.
Les chiffres de la journée ; 194 km, 8h16 d’effort, 23,5 km/h, 65km d’escalade et 3700 m de dénivelé positif. 

La deuxième journée débute tranquillement par 10 km de mise en jambes pour rejoindre Martigny et immédiatement à la sortie de la ville se dresse devant nous le Grand St Bernard, mais le parcours bifurque rapidement à droite vers l’épouvantail de cette épreuve le col du Champex 1489m 12 km d’une pente qui vont nous faire rentrer dans le dur.
Les jambes ma fois malgré une certaine fatigue ne tournent pas si mal, Michel lui a une entame un peu plus laborieuse mais il va s’affranchir avec succès de cette difficulté qui présente sur environ les 2/3 de la montée des pourcentages entre 10 et 15%.
Dire que la veille j’envisageais de zapper ce col et que c’est lui qui m’a incité à suivre scrupuleusement le tracé du TMB, pas de regret ni l’un ni l’autre.
Un beau petit lac au sommet ravi notre quête de beau paysage.
Une descente rapide nous amène à Orsières à 901m d’altitude sur la route du col du Grand St Bernard 2469m, 26 km de montée dont les 18 premiers km compris entre 5 et 7 % ne présente aucune difficulté sur une route large et linéaire avec de la circulation.
Alors que la bifurcation avec la route du col et le tunnel routier approche, nous sortons d’un tunnel long d’au moins 3km, le décor change radicalement ainsi que le profil sous nos roues.
Nous sommes à 2000m d’altitude et les pâturages laissent la place au minéral,, c’est probablement l’un des plus beau paysage des Alpes quelque que soit son versant.
Au sommet nous attend une bonne collation bien méritée, la fatigue est de plus en plus présente.
A l’occasion du franchissement de ce col nous passons en Italie pour rejoindre Aoste.
Au terme d’une splendide descente de plus de 30 km sur un asphalte parfait.
Ultime moment de répit avant la longue remontée de la vallée d’Aoste en direction de Pré St Didier.
De longue ligne droite interminable en faux plat montant nous lamine le peu de force qui nous reste, mais la perspective de la fin de notre périple nous encourage à ne pas lâcher.
Nous arrivons enfin à Pré St Didier face au Mont-Blanc pris dans les nuages et les premières rampes du dernier col se présentent devant nous, le Petit St Bernard 2188m et 23km.
Alors que j’avais assuré l’abris à Michel dans la vallée, je suis obligé de me caler dans son sillage les 10 premiers km, nous allons lutter jusqu’au sommet contre un vent défavorable en nous encourageant mutuellement, l’allure n’est pas bien rapide mais la fin est proche et à quelques encablures du col j’en profite pour lui rendre la monnaie de sa pièce sur son attaque de la veille … évidemment sans les intérêts.
Les 10 derniers km en descente pour rejoindre la Rosière où nous retrouvons le territoire français seront l’occasion de nous féliciter mutuellement.
Ca y est nous avons fini ce parcours qui donnait des angoisses à Michel et je dois dire quelques interrogations de ma part sur la faisabilité du tour dans de bonnes conditions.
Je dois dire à posteriori que finalement c’était moins dure que ce que j’avais envisagé, la gestion de l’allure a adopter en fonction de notre potentiel et l’alimentation ont été parfaitement respecté, puisque à part la fatigue jamais nous ne nous sommes retrouvé à la ramasse ou proche de l’abandon. 
Les chiffres ; 160km, 8h01, 19,8 km/h, 66km d’escalade pour 4140m de dénivelé positif.

Merci à tous.
Sportivement